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IX

LE REFUGE

l fallut attendre plus d’une heure avant de pouvoir mettre le pied dehors, dans la rue non pavée courait un ruisseau.

— Allons-y bravement, fit Clotilde en descendant les marches de l’auberge, nous en serons quitte pour changer de bas et de chaussures en arrivant.

Elle enfonça jusqu’au mollet, sa sœur la suivit. Elles relevaient leurs jupes le mieux possible. Agathe était très ennuyée, Clotilde riait.

— Au moins, prenez mon bras, fit le général en s’approchant de l’aînée, qui venait de glisser.

Semtel s’avançait vers Clotilde dans la même intention. Elle le prévint :

— Non, je n’ai pas trop de mes deux mains pour tenir ma robe.

— Vous ne voyez pas où vous marchez, il y a des ornières.

Et comme elle trébuchait, il la soutint par le coude et le groupe s’avança aussi vite que possible vers la ville.

Agathe gémissait :

— L’eau est glacée. Nous ne parviendrons jamais chez nous ce soir, il y a si loin et notre rue de Reculée sera impraticable.

— Oh ! sûrement, fit Semtel, mais Mademoiselle, nous arriverons chez moi.

— Nous pourrions peut-être rester à l’hôtel du Cheval Blanc, rue aint-Aubin, supposa l’aînée.

— Il n’y a aucune place, riposta le Général, c’est la foire de l’Angevine, je n’ai pu y loger. Non, Mademoiselle, c’est le cas de force majeure, faites comme moi, allons chez l’ami Semtel.

Agathe se sut, elle était horriblement contrariée, sa sœur trouvait la situation drôle.

— Ne t’affliges pas, ma sœur, rappelles-toi que grand-père nous racontait avoir vu la Duchesse de Berri en Vendée, franchir un ruisseau sur le dos de Monsieur de Ménard, et ils avaient tous passé la nuit à la ferme de la Saulaie, sur le bottes de paille, dans l’étable.

Agathe agacée riposta :

— Ça n’a aucun rapport.