Page:Vachet — Glossaire des gones de Lyon, 1907.pdf/16

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’agit pas ici du ou des patois lyonnais, mais du parler des habitants de Lyon, et ce parler n’est pas un patois.

Ce langage lyonnais est celui des habitants de la ville, et surtout celui des ouvriers en soie, canequiés, canuts, taffetaquiers, jacquardiers, satinaires, plieurs ou plieuses, liseurs, tordeurs ou tordeuses, dévideuses, battandiers etc. qui formaient autrefois la majeure partie du peuple travailleur de notre ville. Ce langage est en grande partie tiré de notre génie industriel. Il n’est pas étonnant qu’il ait débordé sur les autres classes de la société, qui cependant ne lui faisaient que de rares emprunts.

N’allez pas croire non plus que le parler lyonnais soit une sorte de langue verte, une espèce d’argot en usage dans les bas-fonds du peuple. Je veux bien que certains mots soient un peu gaillards ou frisent la trivialité, que certains autres aient émigré de chez nous pour se mêler au langage populaire d’autres localités, mais même ces mots là ont une allure honnête et bon enfant qui indique le franc terroir où ils ont germé.


Un mot sur la langue elle-même, et sur l’accent lyonnais :

Le premier détail qui frappe, c’est la presque suppression du pronom tu et du qui relatif, qui deviennent te et que. — « Qu’est-ce que te dis ? » pour : qu’est-ce que tu dis ? « C’est moi que l’ai trouvé », pour : c’est moi qui l’ai trouvé. Un étranger qui, pour la première fois, entend parler ainsi, en est décontenancé ; chez nous, c’est l’usage.

Un second détail remarquable, c’est la prononciation du pronom il. La lettre finale ne se fait sentir que lorsque le mot suivant commence par une voyelle : Il est arrivé. Partout ailleurs on prononce simplement i : I m’a dit. — Au pluriel, il en est de même, mais on fait sentir la liaison : I z’arrivent deux cents.

Les verbes ne sont irréguliers que lorsqu’il n’y a pas moyen de faire autrements : J’ai, tu as, nous ons, vous avez, i z’ont. Si la forme « vous avez » paraît dans cette conjugaison, on voit clairement qu’il n’y a pas un autre moyen de l’éviter. — Les troisièmes personnes du pluriel, à l’imparfait, souventes fois même