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PRÉFACE



En 1894, en tête d’une plaquette, qui fut l’embryon de ce présent travail, j’avais écrit cette introduction :

« En relisant une assez nomenclature de vieux mots lyonnais, que je recueille chaque jour, je viens de rêver un long moment Je suis revenu en pensée aux toutes premières années de ma vie, alors que j’étais un petit bonhomme de six à sept ans, très bougeon, même tarabâtre, et aussi aux années immédiates qui ont suivi, et tout mon vieux Lyon est ressuscité dans mes souvenirs. Et à mesure que je me les redisais, une foule de vieux mots, prononcés jadis, oubliés depuis longtemps, revenainet sur mes lèvres, qui souriaient avec une mélancolique indulgence.

« À quoi pensais-je vraiment ? À ce qui est pour l’enfant la vie même, ses amusements, ses jeux, ses étourderies. Quelles interminables parties de gobilles j’ai faites aux alentours du Petit-Bambin ! Les termes mêmes de ces parties me reviennent à la mémoire : on jouait aux ognes, aupot, un carré, à cha tant qu’y en tombe… Mais je me souviens aussi que quelque écumeur du pavé, généralement un grand, un décavé d’une partie voisine, survenait et faisait brisquaille, et fuyait malgré nos pleurs et nos cris.

« Et sur l’ancienne place de la Préfecture, quelles enragées parties de fiardes, quand les revendeuses avaient fermé leurs immenses parasols et rejoint leurs tréteaux. Et tout auprès, il y avait un pâtissier fameux, Dodat ; il fallait monter quelques