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coûtent 100 000 hommes à la République, avec la sévérité qui s’abat sur la nuque d’un soldat endormi à son poste par le gel. Oui… si la pension d’un général malade est dix fois celle d’un soldat, le châtiment d’un général médiocre est cent fois moindre que celui d’un soldat négligent.

On compare les complaisants acquittements des mercantis richissimes qui, en pleine guerre, vendirent à Krupp de la cyanamide pour ses canons, avec la sévérité qui jette en prison pour six mois, un mutilé coupable d’avoir dit, devant un agent provocateur, que la guerre risquait de durer sept ans…

Et c’est ainsi que chaque ville, chaque campagne de France se voit doter d’une affaire Dreyfus des soldats.

Familles et camarades des victimes, à l’œuvre !


III

Liens étroits entre l’ancien Combattant et le Pays


L’essentiel, c’est que l’ancien combattant sache comprendre quels liens étroits unissent son intérêt le plus personnel, le plus direct, avec celui du pays, l’Europe.

Une funeste formule alléchante a faussé l’esprit de certains mutilés. « Pas de politique », et la mode dans certains groupements est venue de se désintéresser de toute question qui saillait en dehors de la loi des Pensions.

Mot d’ordre absurde, et qui d’ailleurs n’a pas été observé par ses instigateurs eux-mêmes, lesquels l’ont oublié, quand il s’est agi de flagorner le pouvoir.

Et j’augure qu’en période électorale, on verra dans plus d’un coin de la France s’annoncer la candidature d’un malin défenseur « des intérêts des mutilés, paysans, ouvriers, en dehors du terrain politique ».

Quoi qu’il en soit, la formule a rencontré un incontestable succès parce qu’elle flatte la lâcheté et la paresse intellectuelle qui est immense. Mais ce beau succès n’est pas du-