Page:Vaillant-Couturier - Députés contre parlement.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 12 —

Réunis en Congrès à Lyon, ils les avaient, la veille même, formulés clairement, d’une voix unanime.

Pour ne pas les entendre, on a crié plus fort qu’eux, que la France leur conservait une Dette Impérissable…

Unanimes ! La Droite, le Centre, la Gauche « modérée » ont refusé de satisfaire aux réclamations de ceux qu’ils accablaient de flatteries lourdes. Seule, l’Extrême-Gauche (unanime) a entamé à fond la lutte pour les mutilés. Sans elle, le texte de 1918 aurait été plus inconvenant encore qu’il n’est.

La presse a fait comme les parlementaires. La presse socialiste ou radicale d’extra-gauche a reproduit et appuyé les revendications de Lyon. Le reste, la presse prétendue patriote avec un ensemble étonnant, les a tues ou décriées.

Les groupements économiques, charitables, littéraires, se sont comme entendus pour faire le silence sur les revendications de Lyon. Mais les Syndicats ouvriers et le Parti Socialiste ont, à fond, milité pour elles.

Et cela était inévitable. Peut-être si la guerre avait peu duré, si, par conséquent, elle avait peu mutilé de monde, et si, au lieu de tant de dizaines de milliards, elle n’en avait coûté que sept ou huit (remboursés par un ennemi vaincu avant qu’il soit ruiné), peut-être alors la bourgeoisie aurait-elle mis sa coquetterie à faire bien les choses avec les veuves et les blessés, comme un milliardaire qui couvre d’or la famille d’un homme renversé par son automobile.

Mais la bourgeoisie d’Europe croûle sous ses dettes, elle est réduite à une politique de fils de famille, elle emprunte à taux énormes, elle hypothèque, elle brûle… et c’est à elle que vous allez, mutilés naïfs, demander un supplément de rente viagère de plusieurs milliards ?

Non ! C’est au peuple qu’il faut qu’on s’adresse, et c’est d’accord avec lui qu’on doit dresser la note.

La note, c’est-à-dire, au minimum :

1o En ce qui concerne personnellement les anciens combattants :

A. La Loi des Pensions, telle que les mutilés eux-mêmes, réunis en Congrès, l’ont faite.

B. Pour tous les hommes revenus du front, des places au moins égales à celles qu’ils avaient avant leur départ.