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Assez de poètes se sont permis d’écrire des sacrilèges, parce que cela se traduisait par des mots étonnants. Ils se sont assez consacrés à l’apologie d’un geste ou d’un instinct sans daigner savoir tout ce qu’ils signifiaient. Ils ont fourni assez de flatteurs aux brutalités, maquillées de noms brillants, de couronnes ou de nimbes. Ils ont suffisamment érigé en dogmes des enfantillages, dansé sur le feu et sur l’eau, confondu sottement les idées les unes avec les autres, essayé de faire resservir les vieux panaches mélodramatiques et décrépits qui ne s’ajustent pas aux soldats modernes, et jugé à la façon d’un sport ou d’un roman d’aventures l’insondable horreur du carnage qui a fouillé notre époque, se reforme à l’horizon et va recommencer. Il y a assez longtemps que beaucoup d’entre eux ont aggravé ainsi, autant qu’il était en leur pouvoir, l’hallucination sociale et le culte de l’usurpation. Dans les journaux à fort tirage, vastes et opulentes entreprises d’étouffement du salut humain, assez de pitres sont royalement payés pour