Page:Vaillant - Gustave Nadaud et la Chanson française, 1911.djvu/18

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XII PRÉFACE

un peu de dédain souvent, on appelle les « bons chansonniers ». Je dis défenseurs, car de même que, jadis, il démolit à tout jamais la stupide légende d’un Béranger pensionné par la cour impériale, de même aujourd’hui, Eugène Vaillant démolit, preuves en mains, celle qui nous représentait le noble et délicat Nadaud dédaignant, un soir, l’invitation de Lamartine vieilli et disgracié pour accepter celle d’une princesse toute puissante ; de même que demain il détruira, sans doute, celle d’un Pierre Dupont s’inclinant, par courtisanerie intéressée, devant Napoléon III triomphant.

Que voulez- vous ? Le public ne pourra jamais se résigner à applaudir un artiste, sans parti pris, en ne lui demandant que d’être l’exaltateur de la beauté et le consolateur de nos soucis : il lui faut le cataloguer, l’enchaîner, l’emmurer tout vif dans telle ou telle coterie politique. Lamartine, à qui l’on demandait un jour : « Où siégerez-vous à la Chambre ? à droite ? à gauche ’au centre ? » répondit : « Au plafond ! » Oh ! qu’il avait bien raison !

Ou chantes-tu, alouette gauloise, avec plus d’allégresse que la-haut, dans les nuages, au plafond bleu du ciel de France ?

Planons donc. Amis Chansonniers, joyeuses,