Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 1, 1931.djvu/160

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temps dont l’un s’écoule dans le domaine du pur possible, au sein de la substance subtile qui peut imiter toutes choses et les combiner à l’infini entre elles. L’autre temps est celui de la nature. Il contient, d’une certaine façon, le premier, et d’une autre façon, il est contenu en lui. Nos actes participent des deux. Le projet est bien séparé de l’acte, et l’acte, du résultat.

Phèdre

Mais, comment peut-on concevoir la séparation, et comment trouver les principes ?

Socrate

Ils ne sont pas toujours si distincts que je l’ai dit. Et tous les hommes, d’ailleurs, ne les distinguent pas également. Mais une réflexion très simple et très primitive suffit à en donner l’idée. L’homme discerne trois grandes choses dans le Tout : il y trouve son corps, il y trouve son âme : et il y a le reste du monde. Entre ces choses, se fait un commerce incessant, et parfois même une confusion s’opère ; mais jamais un certain temps ne s’écoule, que ces trois choses ne se distinguent l’une de l’autre nettement. On dirait que leur mélange n’est pas durable, et que