Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 10, 1938.djvu/108

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La Revue, m’expliqua-t-il, venait de publier un ensemble d’études qui causaient en Angleterre une surprise qui, de jour en jour, se développait en émoi, et presque en indignation.

L’auteur, Mr Williams, avait eu l’idée d’examiner de fort près la situation du commerce et des industries britanniques, et l’avait trouvée dangereusement menacée par la concurrence allemande. Dans tous les domaines économiques, grâce à une organisation toute scientifique de la production, de la consommation, des moyens de transport et de la publicité, grâce à une information extraordinairement précise et pénétrante qui centralisait d’innombrables renseignements, l’entreprise réalisait systématiquement l’éviction des produits anglais sur tous les marchés du monde, et parvenait à dominer jusque dans les colonies mêmes de la Grande-Bretagne. Tous les traits de cette vaste et méthodique opération étaient relevés un à un, décrits avec le plus grand soin par Williams, et présentés à la manière anglaise, le moins possible d’idées et le plus possible de faits.

Le titre même que Williams avait donné à l’ensemble de ses articles était en train de faire fortune ; un bill célèbre allait l’incorporer dans la législation, et ces trois mots Made in Germany s’incrustèrent du coup dans les têtes anglaises.

Vous avez lu cela ? me dit Henley.

Certainement non, monsieur.

Of course. Demain je vous enverrai le paquet. Vous lirez toutes ces petites histoires de Williams.

Et après ?

Après, vous me ferez un bon article sur l’ensemble, une espèce