Page:Valéry - Œuvres de Paul Valery, Vol 10, 1938.djvu/115

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fatale à l’espèce humaine ; c’est elle, bien plus que les intérêts, qui oppose les nations les unes aux autres, et qui s’oppose à une organisation de l’ensemble des hommes sur le globe, entreprise jusqu’ici vainement tentée par l’esprit de conquête, par l’esprit religieux, par l’esprit révolutionnaire, chacun suivant sa nature.

L’homme n’en sait pas assez sur l’homme pour ne pas recourir aux expédients. Les solutions grossières, vaines ou désespérées, se proposent ou s’imposent au genre humain exactement comme aux individus, parce qu’ils ne savent pas.

Voilà des propos assez abstraits, dont quelques-uns de fort sombres, pour ouvrir un recueil d’images. C’est que les images d’un pays, la vision d’une contrée nourrice d’un groupe humain, et théâtre et matière de ses actes, excite invinciblement en nous, comme un accompagnement continu, émouvant, impossible à ne pas entendre, toutes les voix d’un drame et d’un rêve d’une complexité et d’une profondeur illimitées, dans lequel nous sommes chacun personnellement engagés.

La terre de France est remarquable par la netteté de sa figure, par les différences de ses régions, par l’équilibre général de cette diversité de parties qui se conviennent, se groupent et se complètent assez bien.

Une sorte de proportion heureuse existe en ce pays entre l’étendue des plaines et celle des montagnes, entre la surface