ayant vu disparaître Lamartine, Musset, Vigny, Gautier enfin, veut évoquer sa propre mort prochaine. Il pense : « Je suis très vieux. Tout le monde est mort autour de moi, et maintenant mon tour est venu, je vais mourir. » Comment l’exprime-t-il ? Va-t-il le dire en quatre mots, en quatre vers tout simples et directs ? Il veut dire qu’il va mourir, va-t-il dire : « Je vais mourir » ?
Point du tout. Victor Hugo, de cette idée si simple, tire un vaste et puissant développement et substitue à l’expression directe tout un système d’expressions symbolistes de la plus grande force et de la plus profonde beauté.
Il dit :
J’y cours. Ne ferme pas la porte funéraire.
Il dit :
Mon fil, trop long, frissonne et touche presque au glaive…
Ou bien encore, peignant l’approche inéluctable de la mort qui procède vers lui, il écrit ces admirables vers :
Le dur faucheur, avec sa large lame avance,
Pensif et pas a pas, vers le reste du blé.
Victor Hugo savait bien, et nous démontre par toute son œuvre, que l’expression directe ne peut être, en poésie, qu’une