changement, — ou plutôt, un mode de changement, — et même le mode le plus discontinu du changement… Tenez. Point de théorie. Essayez un peu de fixer une idée… Je vais chronométrer. Mais c’est inutile ! Une idée est un moyen, ou un signal de… transformation, — qui agit plus ou moins sur l’ensemble de l’être. Mais rien ne dure dans l’esprit. Je vous défie d’y arrêter quoi que ce soit. Tout y est transitif… Mais presque tout y est renouvelable.
— Transformation ? Et de quoi s’il vous plaît ?
— Ah… vous m’embarrassez. Attendez.
— J’attends.
— Attendez que j’ai trouvé. C’est à dire que j’aie atteint un certain point…
— Un “seuil” ? Vous aurez sonné à la porte, et vous attendez !
— Oui. Un certain point de transformation. Mon hésitation, à ce point, se changera en réponse, — en lueur, — en événement… Une certaine… tension se changera en acte. En parole, en phrase…
— Et vous dites que vous ne faites point de théories…
— Voyons, docteur, je suppose que vous soyez fortement préoccupé, — un ennui, une affaire grave, une grosse décision à prendre, un souvenir cuisant, un soupçon…
— Merci. Je vous en prie… Inutile d’insister.
— Bon. Que se passe-t-il en vous ?
— En moi ? Il se passe que je cultive une idée fixe, mon cher…
— Mais pas du tout… Il se passe que cette idée qui vous préoccupe prend une valeur singulière, — qui n’est pas fixité. Mais pas du tout !… Je trouve au contraire, qu’elle emprunte (notez ce mot) des propriétés toutes nouvelles, toutes différentes. Elle acquiert, — ou reçoit, — d’abord, la propriété de reparaître plus souvent qu’à son tour…
— C’est enfantin.
— C’est capital. En langage plus digne, on pourrait dire que la probabilité de son retour à la conscience est modifiée… Accrue, — jusqu’à devenir excessive. Votre « idée fixe » n’est qu’une