tête, travaillent… Je n’ai pas besoin de pensers… urticants, — je vous le jure.
— Avez-vous lu Notre-Dame-de-Paris ?
— De Hugo ?… Il y a… cent ans.
— Moi aussi. J’ai gardé un souvenir… Vous rappelez—vous l’étrange exercice de vol à la tire auquel se livrent les truands et filous dans la Cour des Miracles ?
— Je ne vois pas le rapport…
— Ces messieurs s’entraînent à subtiliser la bourse d’un mannequin pendu, et tout cousu de sonnettes et de grelots. C’est très difficile. Au moindre mouvement, le pendu réagit ; en avant la musique ! Le coup est manqué.
— Mais la même histoire est dans Dickens, dans Olivier Twist… Dickens l’aura volée à Hugo…
— Sans faire le moindre bruit.
— A moins que l’un et l’autre…
— Ces choses là arrivent.
— Mais qu’est-ce que je viens faire là-dedans ? Je n’ai dévalisé personne ; et si quelques uns m’ont exploré les poches, je n’ai pas fait le moindre bruit.
— Cependant, (et c’est pourquoi je vous ai rappelé cette histoire) — je vous vois tout garni de clochettes… nerveuses. Un souffle, un rien, vous fait sonner toute une musique de réactions et d’idées.
— Hélas…
— Attendez ! Et vous réagissez contre ces réactions par une méthode tout à fait singulière…
— Achève, et prends ma vie après…
— Vous réagissez, vous vous défendez par un recours aux abstractions, vous abusez de précisions et de définitions. L’attention intellectuelle vous sert d’isoloir…
— L’île du Robinson…
— L’île du Robinson. Je l’ai bien compris… Vous comprenez, mon ami, que quand vous me tenez des propos qui ne tendent à rien de moins qu’à ruiner la notion d’idée fixe, par exemple, — et en général, à déprécier par des considérations visiblement intéressées, personnelles, d’origine nettement affective, le monument déjà très respectable de nos connaissances en matière mentale, — je me dis, dans mon petit coin de cerveau, que vous travaillez pro-domo.