et de bottes fortes, armés de sabres et de carabines, montés sur des chevaux pleins de feu, ouvrent passage dans les rangs de la foule au magnifique éléphant qui vous sert de monture, monture vraiment royale, richement caparaçonnée d’un drap rouge brodé d’or sur lequel repose un howdah d’argent aux coussins de velours. Un noir serviteur muni d’un parasol et un mahout armé d’un redoutable trident complètent cet équipage digne d’Alexandre à son entrée dans Babylone, avec lequel une veste de chasse et un chapeau rond ne laissent pas de faire un assez triste contraste. Pour rendre à César ce qui appartient à César, nous commencerons nos pérégrinations par les palais du roi d’Oude.
Le marquis de Carabas lui-même, ce propriétaire d’assez célèbre mémoire suivant la tradition, aurait pu, non sans raison, gémir de l’inégalité des dons de la fortune, sile hasard l’avait conduit dansla cité de Lucknow. Partout, à chaque pas, vous vous trouvez en présence des monuments publics, palais, maisons de plaisance, mosquées sépulcrales, qui portent les insignes de la royauté native : deux poissons en guise d’armoiries à la façade, et deux parasols dorés sur le sommet de l’édifice. Ce qui explique cette richesse de l’apanage royal, c’est la coutume adoptée par chaque souverain de faire construire à son avènement un nouveau palais. Aussi la plupart de ces édifices construits d’hier tombent en ruine, et l’entretien des palais du roi lui-même laisse beaucoup à désirer. Quant au mobilier des demeures