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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/412

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

les balles, sans que les massacreurs fussent arrivés au cœur de la cité. Telle était la terreur qui paralysait les pauvres habitants, que les hommes jetaient loin d’eux leurs armes, sans songer à défendre leur vie et celle de leurs femmes, et offraient comme des moutons la gorge au sabre des meurtriers. Plus d’un soldat persan mit en pièces une famille entière sans rencontrer la moindre résistance. Les Hindous, suivant leur coutume barbare, renfermaient dans les maisons leurs femmes, leurs enfants, leurs trésors, y mettaient le feu, et se précipitaient ensuite au milieu des flammes. Des milliers se noyèrent volontairement dans les puits. Quoique partout la mort se présentât sous son plus hideux aspect, les malheureux habitants semblaient plutôt la désirer que la craindre.

Pendant ce terrible carnage, le roi de Perse demeurait assis dans la mosquée de Roshin-ul-Dowlut. Sa contenance était si sombre et si terrible que ses esclaves seuls osaient rapprocher. Enfin Pempereur Mahomet, entouré de ses omrahs, parut dans le divan. Les omrahs se prosternèrent le front dans la poussière , et Nadir-Schahleur ayant demandé ce qu’ils voulaient : « Épargne la ville ! » crièrent-ils d’une seule voix. L’empereur ne dit pas un mot, mais un torrent de larmes inondait son visage. Le tyran, touché de cette douleur muette, rengaina son sabre en disant : « Pour toi, prince Mahomet ; je pardonne. » Et il envoya à ses troupes l’ordre de cesser le massacre.

Ce terrible châtiment de la révolte de la veille n’avait