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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/411

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

multitude, un soldat persan ayant tenté de s’emparer de quelques pigeons qui se trouvaient à l’étalage d’un marchand, ce dernier poussa un cri hideux, et s’écria d’une voix tonnante que Nadir-Schah avait ordonné à ses troupes de piller la cité. La populace, excitée par ces paroles, attaqua immédiatement les soldats persans, qui s’efforçaient de leur côté de protéger leur camarade. Des malveillants profitèrent de ce tumulte pour répandre le bruit que Nadir-Schah était mort, et que l’heure était venue de prendre une éclatante revanche sur les troupes persanes. Cette fausse nouvelle circula avec la rapidité de l’éclair, et les habitants, trompés, attaquèrent les soldats étrangers partout où ils purent les rencontrer. À la nuit, les Persans furent obligés de battre en retraite, après avoir perdu plus de deux mille hommes.

Ce fut vers minuit seulement que Nadir-Schah reçut la nouvelle de ces événements. Immédiatement il se porta, à la tête de ses troupes, jusqu’à la mosquée de Roshin-ul-Dowlut, et là s’arrêta pour attendre le jour. Pendant cette halte, un Hindou caché derrière une terrasse ayant tué d’un coup de fusil un homme placé près du schah, la colère de ce dernier ne connut plus de bornes, et quoique le tumulte fût apaisé, il ordonna à la cavalerie de parcourir les rues, à l’infanterie de visiter les maisons, et de tuer sans pitié tous les habitante qu’ils rencontreraient. Cet ordre fut exécuté dans toute sa rigueur, et à deux heures de l’après-midi plus de cinquante mille victimes étaient tombées sous le glaive ou