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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/420

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

des tentes élégantes aux couleurs bizarres, des huttes de branchage, une couverture, ou quelques haillons suspendus à des bambous ; souvent même l’avant-train d’une charrette sert d’abri à une vingtaine d’individus. La prudence de l’autorité anglaise a pris soin de tracer à l’avance la configuration du camp : du point central où se trouvent les tentes bien alignées du régiment de cipayes chargé de maintenir l’ordre, rayonnent les diverses rues dont le camp est sillonné, et qui se trouvent couvertes jour et nuit d’une foule aussi dense que peut l’être la multitude réunie sur la place de la Concorde à une heure de feu d’artifice. L’étrange puissance des superstitions primitives a réuni dans cette plaine déserte hier une population de plus d’un million d’individus ! Si serrés sont les rangs de la multitude dans cette Babylone improvisée, que l’éléphant est la seule monture du haut de laquelle on puisse visiter le camp sans courir de véritables chances d’asphyxie. C’est quelque chose de vraiment merveilleux que la sagacité avec laquelle ces nobles bêtes tracent leur route à travers ce flot humain, et les natifs ont tant de confiance dans la prudence et la bonté de ces véritables amis de l’homme, que, surpris dans une position confortable de repos, ils n’hésitent pas, sans se déranger, à laisser passer littéralement l’énorme colosse au-dessus de leurs têtes.

Quoique des échantillons de toutes les races de l’Inde soient réunis dans ces quelques milles carrés, la foule ne présente aucune variété de traits ou de costumes. Il y a là une cruelle uniformité de vêtements blancs, de