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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/419

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

scène extraordinaire que présente le camp des pèlerins, de donner ici une description exacte des lieux. Au sortir de la chaîne de l’Himalaya, sur un espace de quelques milles, le Gange suit le contour sinueux des collines qui servent d’avant-garde aux montagnes géantes de l’Asie, et ce n’est qu’à Hurdwar qu’il prend son cours vers les plaines de l’Inde. L’on comprend aisément que le législateur des premiers jours ait formulé en une légende mythologique les sentiments de reconnaissance que les populations éprouvaient d’instinct pour le fleuve dont le flot bienfaisant vient porter la fertilité dans leurs champs desséchés. L’escalier qui conduit aux lieux sacrés s’ouvre en un triangle dont la base repose au milieu des eaux, entre deux temples bâtis sur le modèle des tem pies de Bénarès, flanqués de tours, avec un soubassement en manière de forteresse et un bas étage surmonté de coquets pavillons aux dômes dorés. La piété des princes natifs a depuis des siècles élevé en cet endroit de nombreux édifices, dont la ligne imposante se développe presque sur les bords de la principale artère du canal du Gange. À l’arrière de ces monuments, des collines escarpées bordent en amphithéâtre une plaine immense qui s’étend vers le sud, et au milieu de laquelle le Gange roule fièrement ses eaux argentées.

Aussi loin que la vue peut atteindre, dans les plaines, aux flancs abrupts de la montagne, des pèlerins ont établi leur domicile temporaire. Là sont réunis les abris les plus divers que la patience et l’industrie de l’homme aient inventés pour le défendre contre les éléments :