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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/422

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

recherchent avec passion. Voici enfin une scène qui rappelle les splendeurs des cours indiennes d’autrefois. La foule vient de s’ouvrir devant un peloton de cavaliers à tournure martiale, armés de longs fusils à mèche. Ces soldats servent d’avant-garde au rajah de Békaneer, prince du Rajpootana, l’un des derniers représentants de l’indépendance indienne, qui vient baigner aux lieux sacrés, avec tout l’appareil d’une cour souveraine, non-seulement sa personne, mais encore la dépouille mortelle de son père et de son grand-père, car il porte, dit-on, dans un sachet autour du col les cendres de ces vénérables personnes. Une longue file de chameaux chargés de pèlerins suit immédiatement le groupe de cavaliers, et précède le fils du rajah, un bambin de huit ou dix ans, qui, monté sur un éléphant richement caparaçonné, s’avance majestueusement au milieu d’un cortège de serviteurs portant masses et cannes à pomme d’argent, éventails de plumes de paon, etc.

Le soleil monte à l’horizon et commence à chauffer mon crâne à une température rouge ; quatre 9 alignés ne représenteraient certes pas en mètres cubiques les flots de poussière que j’ai avalés depuis l’aube du jour. L’heure du déjeuner va sonner ; ce sont là des motifs suffisants pour m’engager à terminer ma visite au camp des pèlerins et à reprendre le chemin des tentes européennes, où j’ai trouvé le plus bienveillant accueil. J’aurai d’ailleurs à traverser sur ma route une des parties les plus curieuses du camp, celle réservée aux sannyassis