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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/423

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DEUX MOIS SUR LE GREAT-TRUNK-ROAD.

ou hommes saints. Sous tous les climats, dans toutes les croyances, il s’est rencontré des sectes austères qui ont rendu hommage à la Divinité par la mortification des sens et la privation de tout bien-être matériel. Nulle part toutefois le renoncement aux bonnes choses de ce monde n’a été pratiqué avec des formes extérieures comparables en brutalité et en cynisme à celles adoptées par les cinq ordres religieux qui se divisent les milliers de dévots de profession que compte la population de l’Inde, savoir : les nerhanees, les nerunjunees, les baïragees, les punchalees et les oodassees. Chacun de ces ordres a son organisation régulière, ses généraux, son état-major ; mais les adeptes ne se réunissent jamais, et c’est dans un endroit désert, au bord d’un étang ou au fond d’une caverne, réduits à vivre des aumônes des fidèles, que ces fanatiques, au milieu des pratiques les plus singulières, « attendent la mort sans désirer la vie, comme un domestique à gages attend son salaire, » suivant les paroles des livres saints.

Ce n’est pas toutefois sans études préliminaires que l’on arrive à cet état de grâce, et qui veut entrer dans les rangs de l’une des sectes de sannyassis doit faire son apprentissage en compagnie de quelque solitaire de sainteté reconnue, et se livrer, sous sa direction, à des pratiques souvent fort originales. Certains hommes de plus de raison que de foi, qui, dégoûtés par les épreuves de la vie ascétique, sont revenus à leur profession première, ont donné de curieux détails sur les exercices de ce soi-disant noviciat religieux. L’un d’eux,