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Page:Valbezen - Les Anglais et l’Inde, 1857.djvu/48

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LES ANGLAIS ET L’INDE.

On voit quelles vastes connaissances un juge indien doit posséder pour être à la hauteur de sa mission. Ce n’est pas assez pour lui d’être maître de la loi hindoue et de la loi musulmane, d’avoir étudié à fond la législation anglaise et le code de la compagnie : il faut encore qu’il soit assez versé dans les idiomes indigènes pour pouvoir, sans l’aide d’un interprète, diriger des débats souvent très-compliqués. De plus, le juge de l’Inde n’est pas entouré comme le juge d’Europe, d’un barreau loyal et éclairé ; le plus souvent les parties sont représentées par des agents ignorants et corrompus qui ne peuvent ou ne veulent, dans bien des cas, exposer en termes clairs l’affaire en litige. Enfin, dernière et plus grave de toutes les difficultés qui hérissent la carrière du juge indien, les habitudes de mensonge des natifs ne lui permettent d’accepter les dépositions des témoins qu’avec la plus grande réserve. L’axiome que toute déposition doit être à priori supposée vraie est surtout faux dans l’Inde, et la seule règle de conduite que puisse s’imposer celui qui préside aux débats, c’est que les faits ne mentent pas. Les dimensions que le faux et le parjure atteignent dans l’Inde dépassent toute conception, et jusqu’ici malheureusement il faut reconnaître que les mesures prises par le gouvernement pour porter remède à ce déplorable état de choses n’ont pas produit grand résultat. Les formes ambiguës et métaphoriques des idiomes natifs, les relations de parent à parent, de maître à domestique, tout semble conspirer à faire du mensonge la loi commune de l’Inde. Une fausse dépo-