Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/182

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

J’ai le museau et les doigts tout rouges, mon mouchoir a l’air d’avoir servi à une amputation, et les passants, qui reviennent enthousiastes du Palais-Bourbon, s’écartent avec un mouvement de dégoût. Ce sont les mêmes, pourtant, qui ont applaudi le vote par lequel la nation est condamnée à saigner par tous les pores.

Mon pif en tomate les gêne !… Bande de fous ! Viande à mitraille !

— Il devrait cacher ses mains ! fait, avec une moue de répugnance, un barbu qui tout à l’heure criait à tue-tête.

Je me suis débarbouillé dans le bassin.

Mais les mères s’en sont mêlées.

— Est-ce qu’il a le droit de faire peur aux cygnes et aux enfants ? ont-elles dit, en rappelant leurs bébés dont trois ou quatre étaient harnachés en zouaves.


Croix de Genève.

Tous les journalistes sont en l’air. C’est à qui ira à l’armée.

On a organisé un bataillon d’ambulanciers. Ceux qui ont été, rien qu’un quart d’heure, étudiants en médecine, qui ont quelque vieille inscription dans leur poche de bohème, s’adressent à une espèce de docteur philanthrope qui met la chirurgie à la sauce genevoise. Il a inventé un costume de chasseur noir, de touriste en deuil, sous lequel les enrôlés prennent des airs religieux ou funèbres.