Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/196

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pauvres font de la toilette, alors qu’ils ont, durant la semaine et du fond des logis sombres, rêvé une partie dans une guinguette cravatée de verdure.


C’est Gustave Mathieu, le poète, et Regnard, le chevelu, qui, m’abordant à une table de Bouillon Duval où je viens de m’asseoir, m’apprennent qu’une trentaine d’individus se sont jetés sur la caserne des pompiers de La Villette, et ont fait feu sur les sergents de ville.

Ils ont bien dû en descendre un ou deux.

— Les criminels ! dit Mathieu.

— Les imbéciles ! dit Regnard, qui est blanquiste et qui devait en être.

Imbéciles ! Criminels ! ces honnêtes et ces braves !…

Faudra voir à discuter ça un de ces matins.


Une imprudence a fait arrêter Eudes et Brideau.

Conseil de guerre. Verdict : la mort.

Comment les tirer de là ?

Peut-être une lettre écrite par un homme populaire et glorieux pèserait-elle sur l’opinion publique.

Et l’on cherche quel est celui qui doit rédiger et signer cette lettre suprême.

Elle est difficile à faire.

Les condamnés ont proclamé qu’ils repousseraient tout recours en grâce présenté à l’Empire, et nous ne tenons pas, non plus, à commettre une faiblesse en leur nom — même pour les sauver.