Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/103

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ifestation. Avec un bon plan de la banlieue, je la déterrerai peut-être !

J’apprends à l’hôtel que les fuyards avaient raison.

On a vraiment cerné et arrêté ; mais pas du côté où j’étais.

« Et tenez, les voici qui viennent !…

— Combien sont-ils ?

— Presque un bataillon. Ils descendent ! Regardez donc ! »

Je regarde.


Les prisonniers marchent entre deux haies de sergents de ville. Je reconnais les camarades.

Je m’élance ! on me retient.

« Qu’est-ce que vous voulez faire ?

— Aller délivrer mes frères !

— Tu es donc devenu fou ? me dit tout bas Alexandrine, qui vient de rentrer et me tire par les basques de ma redingote, — et tout haut elle ajoute :

— Tenez, monsieur Vingtras, voilà ce qu’on en fait, de ceux qui veulent délivrer leurs frères ! »

Elle me montre une chose qui a l’air d’un torchon et qui a voulu délivrer ses frères. Je reconnais la tête de Championnet, un des locataires, — ce qui reste du moins de la tête de Championnet, enveloppée dans des serviettes comme un pain qu’on veut garder frais.

Il ne peut pas parler ; on lui a recousu la langue au galop — un point en attendant ; — mais ceux qui l’ont amené ont conté son histoire.