Je prends mon courage à deux mains et ma malle par l’anse.
Mais une idée me vient.
« Est-ce que je ne pourrais pas la laisser ici ? je viendrais la reprendre plus tard ?
— Vous pouvez… Je vais vous la pousser dans ce coin… Fichtre ! on ne la confondra pas avec une autre, dit-il en regardant l’adresse. J’espère que vous avez pris vos précautions. »
C’est ma mère qui a cloué la carte sur mon bagage :
Cette malle, souvenir
de famille,
appartient àVINGTRAS (Jacques-Joseph-Athanase), né le jour
de la Saint-Barnabé, au Puy (Haute-Loire), fils de Monsieur Vingtras (Louis-Pierre-Antoine), professeur
de sixième, au collège royal de Nantes. Parti de cetteville, le 1er mars,
pour Paris, par la diligence Laffitte et Gaillard, dans la Rotonde, place du coin. La renvoyer, en cas d’accident, à Nantes (Loire-Inférieure), à l’adresse de M. Vingtras, père, quai de Richebourg, 2, au second, dans la maison de Monsieur Jean Paussier, dit Gros Ventouse.
Veillez sur elle !