« Vous ne pourriez m’indiquer personne, reprend Boulimart, quelqu’un qui n’ait pas l’air bête comme tous ceux que je fréquente ? »
Malhonnête, va !
Il poursuit ses recherches avec conscience — « Un tel, un tel ! » — Je l’entends qui tout bas fait son énumération en se parlant à lui-même : « Thérion, Meyret, Bressler, » mais il passe outre, en secouant la tête.
— Allons, je serai forcé de prendre le premier imbécile venu !… Avez-vous du tabac, une pipe ?
— Voilà… »
Il bourre sa pipe, tire quelques bouffées, se gratte encore la tête… On voit qu’il cherche. À la fin, il se tourne vers moi.
— Je ne trouve rien, mon cher, et j’ai promis d’envoyer pour ce soir ! (Après une pause.) Dites donc, vous, voulez-vous y aller ? Si c’est le père qui vous reçoit, lui, ça lui est égal qu’on ne soit pas distingué. Vous courez chance de tomber sur le père… Qu’en pensez-vous ?
— J’ai peur de paraître trop peu comme il faut et mal tourné…
— Si c’est le père qui vous reçoit, je vous dis, vous pouvez passer. Il préfère même les gens communs, lui ! Ça y est, n’est-ce pas ? Vous y allez ?… »
Je balbutie un peu et je finis par accepter.
C’est se reconnaître mal tourné, mais il y a quelques sous à gagner et je ferais le cagneux pour 30 francs par mois.