Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/266

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Il faut s’habiller pour se rendre là.

Quoique le père n’exige pas qu’on soit distingué, je ne puis y aller comme je suis. — Pantalon qui a deux yeux par-derrière, redingote à reflets de tôle…, souliers à gueule de poisson mort.

J’ai un vieil habit noir ! — Il n’y aura qu’à mettre un peu d’encre sur les capsules des boutons.

Je me promène dans ma chambre, nu en habit.

Un coup d’œil dans la glace !…

Ce n’est décidément pas assez.

Il s’agit de recueillir des vêtements, comme un naufragé.


C’est le diable !

Je cours chez un ancien camarade de Nantes, Tertroud, étudiant en médecine :

« As-tu un pantalon ?

— Tiens, si j’ai un pantalon !… Regarde ça ! »

Il me fait tâter l’étoffe sur sa cuisse.

« Peux-tu me le prêter pour deux heures ?

— Mais moi !…

— Tu n’en as pas d’autres ?

— J’ai le vieux. Si tu peux t’en servir… »

On le peut, en le réparant comme une masure…

Tertroud m’aide lui-même à ma toilette avec toute la sollicitude d’une mère.

Il se place derrière moi. Son attitude me fait venir la sueur dans le dos. Je le vois qui se gratte le front, je le sens qui agace le fond… Je lui demande des nouvelles !