Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/267

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Tertroud n’ose pas s’avancer. Cependant il ne me décourage pas.

Il continue ses études et son travail, il tourne, examine, l’œil au guet, l’épingle aux dents.

Il finit par déclarer que cela ira — mais avec un vêtement long, pour cacher les réparations.

Il n’a pas de vêtement long.

Lui, il apporte le pantalon — Qu’un autre y aille du pardessus !

— Eudel te donnera peut-être ce qu’il te faut.


On va chez Eudel.

Eudel fait des difficultés, il a déjà prêté des paletots qu’on ne lui a pas rendus ou qu’on lui a rendus tachés et décousus — avec des allumettes dans la doublure et une drôle d’odeur dans le drap.

— Cependant, si c’est indispensable !

— Merci, à charge de revanche !

J’essaie le vêtement, qu’il a décroché de son armoire.

J’entends un petit craquement ! Je ne dis rien… Eudel me retirerait son paletot tout de suite, je le sens, si je parlais du petit craquement.


Me voilà ficelé.

Je n’arriverai jamais à pied ; c’est tout au plus si j’ai pu descendre les escaliers en sautant.

Quand il faut marcher, c’est une affaire ! Je vais me partager en deux, sûrement — payer double place, alors ?… J’ai juste six sous.