Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/314

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Fallait-il refuser ? Après tout, mieux vaut aller en pet-en-l’air qu’en bras de chemise. J’emportai le paquet, et ce petit vêtement me fit beaucoup d’usage.


Je n’ai pas encore touché un sou en monnaie de cuivre pour ce que j’ai écrit. J’ai gagné une paire de chaussures, dans le Journal de la Cordonnerie pour un article sur je ne sais quoi ! — sur la botte de Bassompière, si je m’en souviens bien. On m’a remis une paire de souliers : presque des escarpins.

« C’est assez pour faire son chemin », m’a dit le rédacteur en chef, un gros, large, fort et joyeux garçon, qui mène de pair la tannerie et la poésie, le commerce de cuir et celui des Muses.

Ces souliers m’ont en effet aidé à aller quelque temps.

Comme ils avaient craqué, j’ai été au bureau du journal en offrant une nouvelle à la main, si l’on voulait mettre une pièce.

« On ne met pas de pièces, on ne fait pas les raccommodages. »

Si je veux ajouter à ma nouvelle à la main un entrefilet de quelques lignes, on me donnera des pantoufles claquées ! C’est tout ce qu’on peut faire, et je ne me serai pas dérangé pour rien.


J’accepte, et bien m’en a pris. Je me suis promené avec ces pantoufles-là pendant toute une saison.

Je suis allé de Montrouge au Gros-Caillou, où j’avais