Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/37

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Avec mes courses vers l’un, vers l’autre, le grand air, et ce poids d’étoffe sur le bras, j’en suis arrivé à l’épuisement, à la fringale, à l’ivrognerie !

J’ai déjà mangé un petit pain, bu deux canons de la bouteille, et j’ai encore soif et j’ai encore faim ! La boulimie s’en mêle !

Pas de Matoussaint, pas de Royanny !

Je me suis décidé à entrer dans les amphithéâtres. J’ai produit une émotion profonde, mais n’ai pas aperçu ceux que je cherchais.


Les salles se vident une à une. Un à un les élèves s’éloignent, les professeurs se retirent. On n’a vu que moi dans les escaliers, dans la cour, — moi et mon paletot jaune.

Le concierge m’a remarqué, et au moment de faire tourner la grosse porte sur ses gonds, il jette sur ma personne un regard de curiosité ; il me semble même lire de la bonté dans ses yeux.

Il a dû voir bien des timides et des pauvres depuis qu’il est dans cette loge. Il a entendu parler de plus d’une fin tragique et de plus d’un début douloureux, dans les conversations dont son oreille a saisi des débris. Il me renseignerait peut-être.

Je n’ose, et me détourne en sifflotant comme un homme qui a mené promener son chien ou qui attend sa bonne amie, et qui a pris un pardessus jaune, parce qu’il aime cette couleur-là.

La porte tourne, tourne, elle grince, ses battants se rejoignent, ils se touchent — c’est fini !