Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/38

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Elle me montre une face de morte. Je ne sais où est Matoussaint, je n’ai pu retrouver Royanny. J’irai coucher dans la rue où est le garni à six sous.

Je montre le poing à cette maison fermée qui ne m’a pas livré le nom d’un ami chez lequel je pourrais quêter un asile et un conseil.

Pourquoi n’ai-je pas parlé à ce portier qui me semblait un brave homme ? Poltron que je suis !

Ah ! s’il sortait !…

Il sort.

Je l’aborde courageusement ; je lui demande — qu’est-ce que je lui demande donc ? — Je ne sais, j’hésite et je m’embrouille ; il m’encourage et je finis par lui faire savoir que je cherche un nommé Royanny et que l’École doit avoir son adresse, puisque Royanny est étudiant en droit.

« Allez voir le secrétaire de la Faculté, M. Reboul. »

Il rentre dans l’École avec moi et m’indique l’escalier.


M. Reboul m’ouvre lui-même — un homme blême, lent, l’air triste, la peau des doigts grise.

« Que désirez-vous ? Les bureaux sont fermés… Vous avez donc quelqu’un avec vous ? »

Il regarde au coin de la porte.

C’est que j’ai planté là mon paletot jaune qui a l’air d’un homme ; M. Reboul a peur et il me repousse dans l’escalier.

Le gardien me recueille, je ressaisis mon paletot