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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/393

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Quand j’ai fini, je me promène. Je tâche de me donner une contenance.

À travers les vitres cassées de l’usine, les ouvriers me dévisagent.

À un moment, je suis croisé par un gros homme, sans barbe, l’air grave, la peau moite. Il me lance un coup d’œil froid, chagrin, insultant.

C’est M. Troupat.

M. Maillart me fait signe de rentrer.

La présentation a lieu, et il est entendu que je serai un mois à l’école de ce gros homme à la peau molle.

M. Troupat fait-il à contrecœur son métier d’instructeur, ou bien est-ce ainsi dans les usines ? Je l’ignore, mais chaque matin, en me levant, je tremble à l’idée de me trouver à côté de lui, tant il a l’air prêtre et glacial ! tant j’ai la tête dure !

N’importe, je resterai ! jusqu’à ce que j’aie pris le pli et que je sache rédiger selon la formule : « En réponse à votre honorée du courant. — Veuillez faire bon accueil !

« Veuillez faire bon accueil ! »

La première fois que M. Troupat a dit cela, j’ai cru qu’il se déridait et commençait une romance.

« Veuillez faire bon accueil à la lettre de charge ! » a-t-il repris d’une voix de chantre !

Je suis un sot.


Au bout du mois, M. Maillart me fait appeler.

« Monsieur Vingtras. Je ne puis décidément pas