Aller au contenu

Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/448

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

noux. J’ai attiré sa tête à moi, et j’ai bu les larmes rouges sur ses joues blanches.


Elle a voulu être la coupable.

« C’est ma faute, mon enfant, c’est ma faute…

Mais, vois-tu, tu m’as écrit quelquefois de Paris des lettres qui me faisaient tant de mal ! quand tu demandais que ton père t’ouvrît un crédit chez le boulanger ou qu’il t’avançât quelques sous pour que tu fusses sûr d’avoir un endroit où coucher… Le proviseur disait que tu resterais juste le temps de passer ta licence, puis que tu ferais ton doctorat, qu’alors tu serais libre — et j’aurais été sûre que tu ne serais plus malheureux… »


Je l’ai laissée parler.

Il était tard quand je l’ai reconduite dans sa chambre, où j’ai vu la lampe brûler longtemps devant des lettres jaunies qu’elle relisait.

Moi, je me suis accoudé à la fenêtre, et j’ai réfléchi, la tête tournée du côté du cimetière.


2 heures du matin.

Ma résolution est prise : Je me rends.


Je finirais mal.

Je me rappelle un des soirs qui ont suivi mes vaines tentatives de travail chez les bourgeois. Un de mes voisins de garni, un ancien officier dégommé, avait oublié chez moi un pistolet chargé. Le canon luisait