Il venait justement un soleil tout clair d’un ciel tout bleu, et des bandes d’or rayaient ma couverture terne ; dans la maison une femme chantait, des oiseaux piaillaient à ma fenêtre.
On m’a fait cadeau d’une fleur. C’est la petite Riffault à qui l’on avait donné plein son tablier d’œillets rouges, et qui, voyant ma porte ouverte, m’a crié du bas de l’échelle :
« Veux-tu un œillet, monsieur ? »
Je l’ai mis dans un gros verre qui traînait sur la table boiteuse.
C’eût été une fiole de mousseline, une coupe de cristal, que j’aurais été moins heureux : dans le fond de ce verre je relisais les pages de ma vie de campagne et j’entendais vibrer des refrains d’auberge.
On avait de ces gros verres-là dans les cabarets de la Haute-Loire…
Enfin j’ai touché mon argent ! M. Truchet est revenu.
J’ai gardé six francs pour les Riffault. Mon chez moi me coûte six francs ; il faut ce qu’il faut !
J’ai donné le reste à Angelina pour la pot-bouille.
Dès le premier jour on a détourné de la caisse à pot-bouille six autres francs pour aller au théâtre. Après un bon dîner, on est descendu sur la Porte-Saint-Martin où se joue la pièce qu’on veut voir : la Misère, par M. Ferdinand Dugué.
On boit en route et Matoussaint est très lancé.
Le rideau se lève.