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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/64

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che et ignorant, non pas comme un provincial, mais comme un prisonnier évadé, comme un martyrisé qui étire ses membres.

J’ai pris parti derrière Matoussaint et les autres, dans la grande guerre entre calicots et étudiants. Il paraît qu’il faut tomber sur les calicots, que les calicots sont des bourgeois et des réacs, — et je tombe dessus. Je dépense là mon énergie, et je mets ma gloire à passer pour l’hercule de la bande.

Je ne fais rien : paresse dont je rends mon éducation responsable ! Il faut que je batte l’air de mes bras quelque temps encore, avant de pouvoir enfiler mon vrai chemin et appliquer au travail ma tête trop calottée.

Je ne fais rien, — pardon ! je gagne dix sous cinq fois par semaine. Je donne une leçon à un fils de portier. J’ai ainsi, avec mes quarante francs mensuels, douze francs cinquante centimes par semaine. Je ne dépense pas un radis de plus !