Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/73

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y revenir et à discuter ça plus tard, mais « pisse-froid » appliqué à Rousseau était trop fort.

Que voulais-je dire par là ? Quand on lance des mots pareils, il faut les expliquer… Que signifiait « pisse-froid » ?

Eh ! mon Dieu, je ne suis pas médecin, mais j’ai entendu toujours appeler pisse-froid, même par ma mère, les gens qui n’étaient pas francs du collier — qui avaient l’air sournois, en dessous !

« Alors, Jean-Jacques était en dessous ?

J’ai eu bien du mal à m’en tirer et j’ai dû faire quelques excuses, j’ai dû retirer pisse-froid. Je l’ai fait à contrecœur et pour avoir la paix.

Il ne rit jamais, ce Rousseau, il est pincé, pleurard ; il fait des phrases qui n’ont pas l’air de venir de son cœur ; il s’adresse aux Romains, comme au collège nous nous adressions à eux dans nos devoirs…

Il sent le collège à plein nez.

Pisse-froid, oui, c’est bien ça !


Je tiens pour Voltaire. Je préfère Voltaire à Rousseau.

— Voltaire ? crie Matoussaint.

Il me lance à la tête les vers d’Hugo…

… Ce singe de génie !


Je laisse passer l’orage et maintiens mon dire, en aggravant encore mes torts ; le Voltaire qui me va, n’est pas le Voltaire des grands livres, c’est le Vol-