taire des contes, c’est le Voltaire gai, qui donne des chiquenaudes à Dieu, fait des risettes au diable, et s’en va blaguant tout…
« ALORS TU ES UN SCEPTIQUE ?? dit Matoussaint, s’écartant de deux pas et croisant les bras en me fixant dans les deux yeux.
J’ai retiré pisse-froid pour Rousseau, je maintiens sceptique pour moi.
— Et tu te prétends révolutionnaire !…
— Je ne prétends rien. Je prétends que Rousseau m’ennuie, Voltaire aussi, quand il prend ses grands airs, et je n’aime pas qu’on m’ennuie ; si pour être révolutionnaire il faut s’embêter d’abord, je donne ma démission. Je me suis déjà assez embêté chez mes parents.
— Tu fais donc de la révolution pour t’amuser ? » reprend Matoussaint en jetant un regard circulaire sur toute la bande, pour montrer où j’en suis tombé.
Je suis collé et je balbutie mal quelques explications. Mon embarras même me sauve. Matoussaint, qui a peur que je ne trouve à la fin quelque chose à répondre, me déclare qu’il sait « que j’ai été plus loin que je ne voulais, que ce n’est pas moi qui traiterais la Révolution comme une rigolade et qui promènerais le drapeau de nos pères comme un jouet… »
« Seulement, vois-tu, tu as la manie de contredire, tu t’y trouves pris quelquefois, dame ! et il rit d’un air de vainqueur indulgent. »