On trouve généralement que je n’ai pas d’enthousiasme pour deux sous.
Pas d’enthousiasme ! Que dites-vous là ?
À l’heure où la Voix du peuple paraît, je vais frémissant la détacher de la ficelle où elle pend contre les vitres du marchand de vin ; je donne mon sou et je pars heureux comme si je venais d’acheter un fusil. Ce style de Proudhon jette des flammes, autant que le soleil dans les vitres, et il me semble que je vois à travers les lignes flamboyer une baïonnette.
Pas d’enthousiasme ? Ah ! qu’on soulève un pavé et vous verrez si je ne réponds pas présent à l’appel des barricadiers, si je ne vais pas me ranger, muet et pâle, sous la bannière où il y aurait écrit : Mourir en combattant !
Pas d’enthousiasme ! Mais je me demande parfois si je ne suis pas au contraire un religieux à rebours, si je ne suis pas un moinillon de la révolte, un petit esclave perinde ac cadaver de la Révolution.
Pourquoi ce frisson toujours aux premiers mots de rébellion ? Pourquoi cette soif de bataille, et même cette soif de martyre ? Je subirais le supplice et je mourrais comme un héros, je crois, au refrain de la Marseillaise…
Ils trouvent à l’hôtel Lisbonne que je n’ai pas la foi ! Ils m’en veulent de ne pas croire aux gloires et aux livres. — J’ai peur d’y croire trop encore ! Il me semble qu’il se mêle à mon enthousiasme le romantisme de lectures ardentes qui font voir l’insurrection pleine de poésie et de grandeur, et qui promettent