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LES IRRÉGULIERS DE PARIS.

Un homme, au seuil d’un couloir un peu sombre, se tenait debout, vêtu de noir.

Poupelin baisse l’échine, lève le bras, et il commence :

— Votre nom à la fois fait trembler et rassure…

— Je m’appelle Pitou, répondit l’homme. »

Si Poupelin eût été superstitieux, il s’en fût tenu là. Sa carrière de courtisan commençait mal, on ne confond pas ainsi les huissiers et les présidents. Il devait reprendre le chemin de fer et ne plus songer à la fontaine.

Il resta.

Faut-il dire combien de fois il a frappé aux portes des ministères, que de gens il a poursuivis, harangués, lassés ! On ne connaissait que lui autour de l’Élysée, et il passa pendant quelque temps pour un envoyé de Mazzini, de Mazzini, scélérat, qui avait choisi ce petit homme comique, grassouillet, bavard, pour accomplir le crime.

Il descendit d’illusion en illusion jusqu’à un septième de la rue de l’Arbre-Sec, où j’eus l’honneur de le connaître. Il espérait encore.

Mais non ; l’Empire se fit, et Napoléon III gouverna, fit la guerre, sans s’aider de ses services ou seulement de ses conseils. Il y eut des changements d’ambassadeurs, des remaniements de cabinet, on appela