Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/17

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devenu devaputto, étonné de son nouvel état, avec ses mille apsaras, ses ornements et ses parures de colliers et ses soixante chars longs de trois gavyutas se demandera : Par quelle bonne action me suis-je acquis un si grand bonheur ? En réfléchissant, il reconnaîtra que c’est parce qu’il a apaisé son esprit en moi, et se dira : Mon père, qui pour éviter la dépense ne m’a pas donné de remède pleure maintenant au cimetière, il faut que je change cela. Par impatience, reprenant ses traits de Maddhakuṇḍali il viendra s’abattre non loin du cimetière et pleurera ; alors le brahmane lui demandera : Qui es-tu ? et il répondra : Je suis ton fils Maddhakuṇḍali. — Où donc es-tu ressuscité ? Dans le séjour des trente-trois dieux. Et quelle action avais-tu donc accomplie ? À cette question il exposera comment il est ressuscité pour avoir apaisé son esprit en moi. Le brahmane me demandera ensuite : Quand on a apaisé sa pensée en toi, on renaît donc dans le ciel ? Alors je lui répondrai par la stance du Dhammapada qui dit :


Tant il y en a de centaines, tant il y en a de milliers qu’on ne les compte pas.


« Quand cette stance aura été récitée, quatre-vingt-quatre milliers de créatures se convertiront à la religion. Maddhakuṇḍali sera sotapanno, et aussi le brahmane Adinnapubbako. »

Après ces réflexions, Bhagavat reconnut qu’il y aurait certainement conversion à la loi pour ce fils de famille. Et, le lendemain après avoir accompli l’acte de la surveillance de son corps, entouré d’une grande assemblée de bikkhus, il entra dans Sâvatthi pour mendier ; peu à peu il se rapprocha de la porte de la maison du brahmane, comme Maddhakuṇḍali était couché, le visage tourné vers l’intérieur de la maison. Le maître, se sachant invisible par lui-même, émit de son corps un rayon. L’enfant se retourna se demandant : « Qu’est-ce donc que cette lumière ? » de sa couche il aperçut le maître.

« Voilà qu’à cause de mon père aveugle et idiot, me trouvant près de Buddha il m’est impossible de lui rendre service avec mon corps, ni d’écouter la loi — je ne suis plus même maître de mes mains — il n’y a qu’une chose à faire. » Et pensant ainsi il