Page:Vallée-Poussin, Blonay - Contes Bouddhiques.djvu/5

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œuvres. Ne fais pas cela. — Mon cher, j’ai entendu l’enseignement du Dhamma du maître. La sainte religion a été enseignée par lui du commencement à la fin avec une explication minutieuse et exacte de son triple caractère. Je ne puis pas accomplir la loi religieuse dans ma maison, j’entrerai dans les ordres, mon cher. — Mon frère, reste ici tant que tu es jeune, tu entreras dans les ordres quand tu seras vieux. — Mon cher, les pieds et les mains du vieillard sont désobéissants et ne dépendent pas de sa volonté ; je ne ferai pas ce que tu dis, je remplirai le devoir du Samaṇa : Les vieux pieds et les vieilles mains sont désobéissants une fois usés par la vieillesse. Toi dont la force est perdue, comment accomplirais-tu le Dhamma ? Ainsi je me ferai moine, mon cher. »

Après avoir ainsi proclamé, il alla en présence du maître, demanda d’être moine et reçut l’ordination, et il passa cinq années avec les maîtres et les savants ; il passa la saison des pluies, et après la clôture, s’étant approché du maître, il lui dit, l’ayant salué :

— Vénérable, dans la loi, combien y a-t-il de devoirs ?

— Deux, ô bikkhu : le devoir du livre et celui de la méditation.

— Quel est, ô vénérable, le devoir du livre et celui de la méditation ?

— Saisir par la science la parole du Buddha, lire un ou deux Nikâyas, ou tout le Tepiṭaka, s’en souvenir, le réciter, le proclamer, voilà le devoir du livre. D’autre part : obtenir l’état d’Arhat en affermissant la méditation par le désir de faire toujours son devoir, en vivant avec l’idée de la destruction et de la fragilité, vivre d’une manière frugale ; voilà le devoir de la méditation.

— Maître, je suis devenu moine étant vieux, je ne pourrai pas accomplir le devoir du livre, mais je remplirai celui de la méditation. Explique-moi l’essence de la chose.

Alors le maître lui expliqua ce qui est essentiel pour devenir Arhat ; il salua le maître et chercha des bikkhus pour aller avec lui, il en prit soixante et partit avec eux. Ils firent une marche de vingt yojanas et atteignirent un grand village voisin de la route et le moine y entra avec les siens pour mendier. Les gens voyant que les bikkhus étaient consciencieux, furent bien disposés pour eux, leur offrirent des sièges, les firent asseoir et leur donnèrent