Page:Vallat - Le Génie de Rabelais, 1880.djvu/40

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contemporains de Rabelais ? Aussi Panurge, en ayant recours aux devineresses, devins, astrologues et magiciens, finit par faire comme tout le monde, et suit le courant de folle crédulité qui entraîne et égare les esprits. N’ayant pas assez de confiance en lui-même pour savoir s’il doit se marier, il consulte d’abord des savants. Mais rebuté par l’opinion brutale du docteur Rondibilis[1], et tourmenté par le pyrrhonisme du philosophe Trouillogan[2], il s’adresse à des empiriques. Il va trouver la sibylle de Panzoust, vieille, mal vêtue, édentée, chassieuse, courbée par les ans, tout-à-fait dans le genre des « vaticinatrices, » et « sonnant entre les dens quelques motz barbares et d’estrange termination[3]. » Peu satisfait de son entrevue avec cette prophétesse, il se rend chez le vieux Raminagrobis[4] qui lui répond avec clairvoyance : « Prenez la, ne la prenez pas[5], » puis au logis de Her Trippa[6] d’une habileté consommée pour prédire les choses

  1. Qui parle sans façon, sans ambiguïté, franchement.
  2. Qui chiffonne c’est-à-dire qui tourmente.
  3. Pantagruel. Livre III, chapitre XVII.
  4. Qui fait l’important.
  5. Pantagruel. Livre III, chapitre XXI.
  6. Monsieur Trippa, c’est-à-dire Cornélius Agrippa, philosophe et alchimiste allemand très-versé dans les sciences occultes.