vains, un des premiers représentants de l’esprit français au XVIe siècle.
Nul mieux que lui n’excelle à distinguer le faux du vrai, à juger avec sûreté, d’une façon ingénieuse, les hommes et les choses, à porter en se jouant de terribles coups aux erreurs humaines, à cacher, sous une forme singulière et extravagante à dessein, des vérités hardies dont il est bon de profiter. L’ironie et le sarcasme sont des armes qu’il manie avec une adresse incomparable, pour aider au triomphe de la raison dans la guerre héroï-comique qu’il fait à la folie des âmes moutonnières en littérature, aux abus de l’aristotélisme et de la politique, à tout ce qui rabaisse l’imposante majesté de la justice et le caractère sacré de la religion, aux désordres de l’oisiveté féodale, à l’ignorance présomptueuse et aveugle, à la sotte crédulité et aux systèmes insensés d’éducation.
Cependant, si Rabelais est un philosophe satirique d’une originalité puissante, il est aussi le père des lettres françaises, et ce n’est pas son moins grand titre de gloire. Versé dans la plupart des langues, d’un savoir universel, non-seulement il déploie une richesse d’érudition sans exemple,