du despotisme et de l’injustice pour l’enrayer. Il est aisé de suivre dans sa marche, durant plus de deux siècles et demi, l’attaque contre les abus de toute espèce, et d’en déterminer les différents caractères : burlesque avec les auteurs de la satire Ménippée, ironique avec Pascal, comique avec Molière, naïvement malicieuse avec La Fontaine, elle devient sarcastique avec Voltaire, grave avec Rousseau et les encyclopédistes, spirituelle avec Beaumarchais, terrible avec les géants de la Révolution. Commencée par une farce réjouissante au plus haut point, elle se termine par une œuvre tragique mais salutaire de justice et de régénération, à l’accomplissement de laquelle travaillèrent sans s’en douter, dans la mesure de leurs forces et suivant leur humeur naturelle, ces grands réformateurs élevés à l’école de Rabelais.
Son influence dure toujours. Les intelligences d’élite de notre siècle se sont plu à la subir : plus d’une chanson de l’immortel Béranger me semble un écho de son rire. Sa verve se retrouve dans une création de notre grand poëte romantique. Un souffle rabelaisien animait Victor Hugo, quand il composa son Ruy-Blas. Don César de Bazan