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LES POÈTES DU TERROIR

chanoine de Montferrand ; François Perdrix, à qui l’on donne une épître sur La Terrasse et le Rempart de la porte Champet ; Pellissier, communaliste de l’église Saint-Jean d’Ambert ; Amable Faucon, etc. Joseph Pasturel, l’auteur des Noëls que l’on connaît, est un amateur ; son frère Gabriel, un courtisan lettré dont l’œuvre, reflet de culture, est gâtée par je ne sais quelles expressions dues à un long séjour en Italie. Claude Laborieux nous semble un personnage créé pour les besoins de la cause[1] ; François Perdrix et Pellissier sont des versificateurs médiocres, et Amable Faucon un modeste producteur dont on ne se souviendrait guère sans la pieuse sollicitude de son récent biographe[2]. Plus tard, il y a Veyre, mais c’est un satirique grossier ; puis quelques inconnus[3], et enfin Vermenouze. Celui-là seul est digne d’occuper la meilleure place parmi les contemporains. Les montagnes de son pays lui tiennent lieu de Parnasse. Il a réveillé l’âme endormie de la race. Son chant s’est répercuté, d’écho en écho, à travers les vallées. Vermenouze est l’interprète d’un peuple ; il a mis à profit les formes du langage usuel et réalisé un vaste tableau des mœurs, des coutumes et des légendes cantaliennes. Son art ne s’est point écarté du goût admis, du génie traditionnel, du sens propre au terroir. La poésie de l’Auvergne, elle est là tout entière ! Elle est aussi, ajouterons-nous, dans les mélopées que l’Auvergnat exhale en la solitude morne de ses campagnes et de ses hauts plateaux, dans ces chants patois empreints de mélancolie qu’on appelle des « regrets » ; et surtout dans ses « bourrées », danses chantées, tour à tour burlesques, amoureuses et tragiques, que rythme le son chevrotant de la cabrette

Bibliographie. — Le Grand d’Aussy, Voyage en Auvergne, etc. — Expilly, Dictionnaire géographique de la France, etc. —

  1. Bouillet, qui le confond parfois avec un autre patoisant, du nom de Laborieux l’aîné, lui attribue un chant sur les grands jours d’Auvergne, plusieurs fois réimprimé, et un long poème didactique, touchant la culture de la vigne, qui est bien près d’être un chef-d’œuvre de grâce rustique. (Voyez cette pièce dans l’Album auvergnat.)
  2. Cf. Marc de Vissac, Amable Faucon, Paris, Champion, 1800, in-8o. Faucon naquit à Riom le 21 sept. 1724 et mourut dans cette ville le 12 avril 1808, laissant une Henriade, un conte, Les Perdrix, imité de Grécourt, et divers poèmes, le tout formant un recueil in-16, publié en 1798.
  3. Citons le médecin J.-B. Brayat (1779-1838), auteur de charmantes pièces locales, à la mémoire duquel on vient d’élever un monument à Boisset. M. Autonin Meyniel a réimprimé ses menus ouvrages (Aurillac, imprimerie Terrisse, 1907, in-18), touchant hommage. Puis, c’est l’abbé Courchinoux, auteur de Lo Pousco d’or… En langue française, signalons le docteur Jules Rengade, Maurice Faucon, M. Louis Farges, etc.