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Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/113

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AUVERGNE
L’HOMME CONTENT, PAR JOSEPH PASTUREL
fragment


Que celui-là est heureux, qui de rien ne se mêle — Qui est content de tenir la queue de sa poêle — Et qui, ne s’inquiétant pas de ce qui se passe chez lui, — Ne mord pas son pain sec.

Qui attend pour se lever la gazouillante aubade — Que fait tous les matins sa petite maisonnée, — Qui entend chanter son coq, et voit de son seuil — Le bien de son douaire.

Qui ne craint ni sergent, ni procureur, ni juge, — Qui ne s’émeut pas quel que soit qui le juge, — Qui n’a nul papier pour tracasser chacun, — Et n’en reçoit d’aucun.

Qui est fort de son grenier, ainsi que de sa cave, — Qui sont si bien tenus que rien ne s’y perd, — Qui se sent un garçon, et deux ou trois valets — Qui n’aiment pas le lit.



L’HOME COUNTEN

Qu’aqué-ti-z-ei heirou, que de eo ne se melo !
Qu’ei counten de teni la quoua de sa padelo,
£t sen s’endardina mà de ce qu’ei cha-se,
Ne mor pas souu po se.
 
Qu’aten par se leva la geugoüillante aubado
Que foüé tou lau mati sa petito monenado,
Qu’augi chanta soun jau, et vé de soun chabe
Soun doueire que bûbe.

Que ne creu ni Sargean, ni Parcureur, ni Juge ;
Que ne s’emaïo pà quoque chio que le juge ;
Que n’a gi de papé par jagoussa chacun,
Et ne té re d’aucun.
 
Qu’ei for de soun granei, et dau ran de sa cavo.
Que son chi-be tengu, que re ne l’é s’embavo.
Que se chin un garçou, et dou ou trei valei,
Que n’amou pas le lei.