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AUVERGNE

ARSÈNE VERMENOUZE

(1850)


Poète bilingue, Arsène Vermenouze est né à Vielles, commune d’Ytrac (près Aurillac), le 25 septembre 1850. Son père, a-t-on écrit[1], était propriétaire campagnard, au lieu de sa naissance. « Il avait émigré par delà les Pyrénées et passait une moitié de sa vie derrière son comptoir d’Illesos, pres de Tolède, et l’autre moitié sur sa terre familiale. Il était bien dans ses affaires et appartenait à une classe de terriens particulière à cette région du Cantal, gens de bonne race et de grande simplicitė, demi-bourgeois, demi-paysans, qui conservent dans la conduite de leur vie une dignité toute chrétienne et patriarcale.

« Grand chasseur et grand pècheur, il apprenait à son fils le maniement du fusil, de la ligne et des filets. Et c’est en voyant au milieu des bruyères débouler les grands lièvres couleur d’amadou et en regardant les truites saumonées cingler dans la moire bleue des rivières montagnardes, que Vermenouze enfant sentit en lui, impérieux, tyrannique, le besoin d’exprimer en vers les impressions de sa vie en plein air.

« À la sortie de l’école des frères, où il avait appris à lire, écrire et compter aussi bien qu’homme d’Ytrac, le jeune Arsène Vermenouze, lui aussi, émigra en Espagne, selon la tradition des anciens. Il n’était pas de ceux qui martèlent les chaudrons ni de ceux qui domptent les mustangs. Il aunait de la toile. Il courut toute la presqu’île hispanique, de Gibraltar au mont Maudit, poussa jusqu’en Algérie et regagna quelquefois, à l’époque des vacances, son pays, par l’Italie. »

Après quinze ou seize ans de séjour tra los montes, Vermenouze revint définitivement se fixer à Aurillac pour y exploiter, dans la paisible rue d’Aurinques « aux portails de pierre sculptée, au silence de cloitre », avec un sien cousin, une fabrique de spiritueux (1883).

C’est là que, dans ses moments de loisir, il composa Flour de brousso (Fleur de bruyère), Aurillac, Imprim. Meridionale, 1900, in-8o, ouvrage languedocien, préface par Jean Ajalbert, qui

  1. Mois littér. et pittoresque, avril 1905.