On l’a écrit[1], peu d’idiomes méritent d’être comparés au béarnais pour la richesse des vocables et l’harmonie. La synonymie presque inépuisable des termes permet d’en varier à l’infini le choix et les nuances. « Tout substantif et adjectif a son dimiautif et son augmentatif, ce qui attache à ces mots, au gré de celui qui les emploie, des idées agréables ou désagréables. Le diminutif se forme en ajoutant à la fin du mot les syllabes et, ette, pour exprimer la joie, le plaisir ; in, ine, pour exprimer l’amitié, la tendresse, l’amour, ou, ot, otte, pour exprimer la pitié, le mépris. L’augmentatif se forme en ajoutant les syllabes as, asse ; il sert à exprimer la haine, le dédain, le ridicule, etc. Ainsi de hemne (femme), on fait hemnette (petite femme gentille), hemnine (jolie petite femme, aimée, chérie), hemnon ou hemnotte (pauvre petite femme que l’on plaint ou méprise), hemnasse (femme gigantesque, désagréable à voir ou que l’on haït) ; hemnassasse (femme odieuse ou détestée). Le béarnais doit en outre sa douceur, comme la langue italienne, au grand nombre de voyelles qui entrent dans sa composition et qui forment les finales de presque tous les mots ; leur prononciation est longue ou brève, douce ou forte. La manière dont celles-ci sont accentuées indique les différentes modulations et constitue cette prosodie, cette harmonie, ce nombre, qui font du parler vulgaire en Béarn le plus doux, le plus savoureux, sans contredit, des dialectes méridionaux. »
Bibliographie. Poésies béarnaises, recueillies et publiées avec une trad. française et les airs notés par E. Vignancour, Pau, imprim. E. Vignancour, 1827, 1852 et 1860, in-8o. (Voir principalement cette dernière édition, la plus complète de toutes.) — A. Mazure, Histoire du Béarn et du pays basque, Pau, imprim. E. Vignancour, 1839, in-8o. Fr. Rivarès, Chansons et airs populaires du Béarn ; Pau, E. Vignancour, 1844, in-8o. Gustave Bascle de Lagrèze, Essai sur la langue et la littérature du Bearn ; Bordeaux, G. Gounouilhou, 1856, in-8o. Victor Lespy, Les Illustrations du Béarn ; Pau, 1856, in-8o. (On consultera avec fruit du mème : Grammaire bearnaise, 2e édit., 1880 ; Dictons et Proverbes du Béarn, 2e édit., 1875 ; Dictionnaire béarnais ancien et moderne, 1887 [en collab. avec Paul Raymond].) — C. de Picamilh, Statistique générale des Basses-Pyrénées ; Pau, imprim. E. Vignancour, 1858, 2 vol. in-8o. — F. Couaraze de Laa, Les Chants du Béarn et de la Bigorre, etc. ; Tarbes, typ. de Th. Telmon, 1861, in-8o. — Pascal Lamazou, Chants pyrénéens ; Pau,
- ↑ De l’Idiome béarnais, notes de Hatoulet publiées dans le recueil de Poésies béarnaises formé par Vignancour, 2e édit., 1852.
in-12, contiennent un singulier poème, Coarraze, légende béarnaise du XVIe siècle.