Page:Van Bever - Les Poètes du terroir, t1, Delagrave.djvu/150

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
LES POÈTES DU TERROIR

évoquent les temps héroïques des pleureuses à gage ; puis François Destrade, d’Oloron (1824-1864), artisan poète ; l’abbé Garet, Jean Hatoulet, de Pau, philologue et chantre rustique, dissimulé dans les recueils sous le pseudonyme de Sophie ; A. Julien, E. Picot, Sylvain Lamolère, Narcisse Laborde, de Saint-Médard (1835-1882)[1], Alexis Peyret de Pau (1826-1902), J.-L. Boudat[2], Pierre-Daniel Lafore, Auguste Peyré, Antonin Montaut, d’Oloron, que sais-je encore ?

Ici le romantisme, quoique d’un faible retentissement, a en son émule en Xavier Navarrot, celui-là qu’on a surnommé, non sans justesse, le Béranger du Béarn. Navarrot a ouvert, dit-on, à la Muse pyrénéenne une route inconnue : la malice, l’esprit caustique, la vérité de mœurs et de langage qui sont la marque particulière de ses chansons les ont répandues dans le Midi. Son succès a été tel qu’il a éclipsé parfois ses contemporains et qu’il domine encore le lyrisme béarnais. Après lui c’est à peinesi on se souvient de ces deux gloires de clocher : Pierre-Gaston Sacaze (1797-1895), pasteur et savant naturaliste qui a célébré éloquemment ses montagnes, et le tendre et mélancolique Vignancour, dont le bagage poétique a plus contribué sans doute que ses réimpressions d’anciens textes à faire aimer et connaître la petite patrie.

Que nous réserve actuellement l’art béarnais, et en particulier ce mouvement du félibrige qu’on a vu s’imposer récemment lors de la fondation à Pau d’une école dite de Gaston-Phœbus ? Ceux-là ont le devoir de nous le dire qui se sont rangés sous la bannière des nouveaux venus. Déjà on cite maints noms notoires : Adrien Planté, Simin Palay, fils de Yan Palay, le conteur rustique, l’abbé Labaig-Langlade (l’une de ses productions, Lou Cabinet de la nobi, fait autorité, au point de vue philologique), Lacaze, le docteur Lacouaret (Al Cartero), Pierre-Daniel Luforc, Henri Pellisson, etc., mais ils ne se sont point imposés jusqu’ici à l’égal des anciens maitres. Nous attendons pour les juger qu’ils aient balancé l’œuvre émouvante, profonde, de cet exquis impressionniste en langue française qu’est Francis Jammes, le bon poète orthésien[3].

    psalmodiés d’une voix dolente par des femmes, avaient pour objet de retracer les principales circonstances de la vie du défunt… »

  1. On lui doit de nombreux recueils. Un de ses poèmes, La Cansou dou Biarn, est célèbre dans toute la province.
  2. On consultera fructueusement sur ce dernier l’intéressante étude de M. A. Laborde Milaa : Un Elégiaque béarnais, J.-L. Boudat (1820-1896), Pau, imprim. Garet (1904, in-8o).
  3. On a pu l’observer, les poètes d’expression française sont peu nombreux en Béarn. Citons, parmi les romantiques, Ch. Ladière. Ses Œuvres dramatiques, publiées en 1856, par Michel Lévy, un vol.