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BERRY

BERRY

HAUT BERRY, BAS BERRY

« Les coteaux verdoyants du Boischaut, les rives ombragéos de l’Indre, les plaines mélancoliques du Cher, hérissées de genêts, plantées de lupins ; des accenses, des locatures où vivent des familles patriarcales, des ménageres proprettes, de rêveuses pastoures ; des domaines jetant çà et là avec leurs toits de tuiles rouges une note de vie dans le paysage monotone ; de grandes étendues sablonneuses, tapissées de bruyeres roses ; des cultures morcelées, séparées par des haies vives au milieu desquelles surgissent les têtes rondes des ormeaux ; de riches herbages vers Germigay, où l’on élève la belle race charolaise et des moutons renommés ; de légères ondulations en suivant 16 cours des rivières ; des vallées humides du côté de Saint-Amand, La Châtre, Le Blanc, profondes, accidentées en se rapprochant de la Creuse ; un horizon sur lequel se découpe la carcasse étrange d’un vieux donjon en ruine, la ligne sombre d’un bois de chènes ou d’une châtaigneraie…, tel est, selon M. Hugues Lapaire[1], l’aspect général du pays berrichon.

« Et dans le vent qui se parfume au genêt de ces brandes, aux églantiers de ces traînes, aux menthes sauvages de ces rives, on respire la fraîcheur des idylles de George Sand…

« Sur ce sol, les invasions n’ont fait que passer ; la civilisation vient seulement de s’y arrèter… Les paysans de cette contrée ont conservé longtemps la physionomie des habitants de la premiere Aquitaine. Acharnés à la glebe, ils s’imprégnaient de la Nature, et la poésie qui est en elle les pénétrait inconsciemment, pour se dévoiler aux heures tristes du crépuscule et dans les liesses des assemblées.

« C’est à cet ancien esprit que nous devons le briolage, ce chant rustique qui contient la musique des brises, des oiseaux et des sources ; notes éparses dans la plaine, que le terrien recueille et jette au vent en piquant l’échine de ses bœufs. Sa

  1. Le Pays berrichon ; Grande Revue, 1er avril 1906.